La hausse du prix de l’électricité met à mal le pouvoir d’achat des français sans raison pour Henri Proglio. Il cite l’impact des réglementations européennes notamment la libéralisation du marché et l’importance des idées des écologistes sur le nucléaire comme raisons de cette situation...
La décision de suspendre le nucléaire en France par le gouvernement de gauche de François Hollande en accord avec les écologistes a sans doute été l’une des plus mauvaises décisions prises pour le pouvoir d’achat des français. L’arrêt de la centrale nucléaire de Fessenheim en juin 2020 a conduit à une baisse de la production électrique françaisejuste avant des problèmes de maintenance ont eu lieu sur le parc nucléaire français et alors qu’une crise énergétique a eu lieu sur le marché du gaz suite à la guerre en Ukraine.
Henri Proglio a été président d’EDF de 2009 à 2014 et s’est étonné sur Sud Radio de la hausse très forte du prix de l’électricité ces dernières années.
« Ce qui me frappe, au fond, c'est que personne ne pose la question suivante ou ne fait la remarque suivante. Qu'est-ce qui justifie que le prix de l'électricité ait augmenté depuis 10 ans ? Et au fond, personne n'est capable de répondre à la question, car rien ne justifie l'augmentation du prix de l'électricité. On a exactement les mêmes capacités de production, c'est-à-dire, au fond, le nucléaire et l'hydraulique représentent au total 90 à 92% des besoins français. Nous sommes globalement exportateurs. Globalement, la France était, et sera, exportatrice d’électricité » note-t-il. Il est amusant de voir que la France exporte notamment une grande part de son électricité produite par des centrales nucléaires à un pays, l’Allemagne, qui a décidé de supprimer le nucléaire de son réseau sous l’influence des Verts.
Selon Henri Proglio, la situation française découle de l’idéologie des écologistes qui a influencé les gouvernements de gauche mais aussi des décisions de l’Union Européenne visant à déréglementer le marché de l’énergie. « Au début du XXIe siècle, EDF est exportateur d’énergie, avec une électricité la moins chère d’Europe (deux fois et demi moins cher que l’Allemagne), un contrat de service public qui fait référence dans le monde et elle donne à la France un atout formidable en matière de gaz à effet de serre...Puisqu’on était arrivé à l’asymptote, comment en sommes-nous arrivés à la situation actuelle ? Je vois deux acteurs principaux : l’Europe et le gouvernement français » avait-il déclaré au Sénat lors d'une audition.
« Tout cela résulte à la fois d’une complaisance avec un parti écologiste qui n’avait comme seule compétence que l’antinucléarisme, et d’un fantasme que la concurrence fait le bonheur des peuples. On va créer de la concurrence, et donc on va faire baisser les prix. On a appliqué le principe de la téléphonie à un secteur qui n’a rien à voir ». L'Europe a voulu mettre en concurrence les barrages et avec la loi NOME EDF a du vendre à coût réduit sa production à des concurrents et l'Europe a indexé le tarif sur le prix du gaz: des aberrations selon Henri Proglio.
Investir dans les renouvelables n'avait pas ou peu d'intérêt pour le réseau électrique français, pourtant des milliards ont été dépensés par idéologie
La situation est d’autant plus absurde que la France disposait comme la Suède d’un mode de production parfait combinant nucléaire plus hydroélectricité et centrales en gaz en période de pics hivernaux. L’UE a obligé la France à investir dans les énergies renouvelables sans réel intérêt de par l’historique de notre réseau basé sur le nucléaire et l’hydroélectricité comme l’a déclaré Loïc le Floch Prigent dans notre magazine.
Selon l'association Climato-réalistes une grande partie du surcoût de l'électricité en France provient des investissements dans les énergies renouvelables qui perturbent le réseau. « La seule explication plausible est que cette hausse des prix a été causée par le changement majeur intervenu : la hausse de la production de renouvelables. Elle permet d’évaluer le surcoût engendré par les 40 TWh de renouvelable introduits dans le système français. Pour la seule année 2019, ce surcoût est égal au produit de la production totale (537 TWh) par la hausse du prix unitaire (57 €/MWh), soit un montant de 31 milliards d’euros » note l'association. Mais personne n'en parle.
Cela rajoute des coûts et oblige notre réseau nucléaire à s’adapter en période de fort ensoleillement. Les réseaux électriques sont désormais soumis à des volatilités de prix extrêmes durant la journée du fait des énergies intermittentes (solaire et éolien (voir cet article du Monde) qui pourraient forcer à supprimer une partie de l’énergie produite par ces énergies intermittentes du réseau ou l’arrêt de leur production.
On voit donc tout le problème des énergies intermittentes. Récemment la Suède a d’ailleurs décidé de ne pas mettre en service une nouvelle interconnexion avec l’Allemagne visant à stabiliser les prix en Allemagne.
« La variabilité de la production des énergies renouvelables, conduit à des chutes du prix de l’électricité lorsque les moyens intermittents produisent au même moment. L’idée qui soutenait le projet était de pouvoir compter sur le marché suédois pour stabiliser les prix du réseau allemand » note Révolution Energétique.
Selon le gouvernement suédois le marché allemand de l’énergie ne fonctionne pas de manière efficace avec de fortes variations de production et de prix du fait des énergies intermittentes.
« La Suède a besoin de conditions prévisibles pour construire des réseaux de production et de distribution d’électricité qui favorisent un système électrique offrant des prix compétitifs » a déclaré Ebba Busch ministre de l’énergie suédoise. Tout est dit.
En attendant les consommateurs français et allemands trinquent de la hausse des coûts sans compter l'impact sur l'industrie européenne. L'économie n'étant que de l'énergie transformée les pays ayant l'énergie la plus chère sont défavorisés ce qui a un impact sur l'industrie européenne dans son ensemble. L'industrie américaine qui bénéficie de bas coûts de l'énergie se développe pendant que l'industrie européenne lutte pour sa survie.
En France, l'indice PMI a baissé en juin pour atteindre 48,20 points. Un indice inférieur à 50 correspond à une baisse de l'activité. La baisse a été enregistré tant au niveau des services que de l'industrie. Le constat est identique en Allemagne où le patronat et plus récemment le président de la bourse ont vertement critiqué la politique du gouvernement allemand, née d'une coalition entre sociaux-Démocrates et Verts. En Europe la demande privée a également chuté en juin pour la première fois depuis février. En bref l'ensemble des pays européens commencent à souffrir des politiques mises en place ces 10 dernières années.
Comme pour appuyer encore là où cela fait mal, les Etats-Unis prévoient de relancer leur filière nucléaire et notamment de redémarrer d'anciennes centrales : tout le contraire de la politique qui avait été décidée en France par un gouvernement de gauche sous Hollande avec ma fermeture de Fessenheim.